Fiction 411 by Collectif

Fiction 411 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


L'écran s'éteignit. Le mur reprit aussitôt son aspect neutre initial. On l'eût dit de porcelaine. C'était pour créer un choc psychologique encore plus grand. La chaleur familière s'en dégageant était illusoire. Elle contrastait d'autant plus violemment avec l'aspect propret du cabinet qu'elle renforçait sa froideur toute fonctionnelle. Il eût pu s'y passer n'importe quoi, depuis la torture jusqu'aux exécutions sommaires, sans que quiconque ne s'en aperçut.

Mak pensa, néanmoins, qu'il y resterait fort peu de temps, aucun équipement sanitaire n'étant prévu. Ce devait être un lieu de transition. Une sorte de box dans lequel il lui faudrait bien se résoudre à attendre l'ouverture de son procès.

Parler de procès était, du reste, excessif. L'Inquisition avait trop à faire pour pouvoir perdre son temps. Il n'était pas rare de voir plusieurs accusés passer en jugement dans la même journée. Les lois qui régissaient cette institution n'ayant jamais été abrogées depuis le Moyen-ge, elles demeuraient en vigueur, inspirées par le même esprit de cruauté et d'injustice. Tout était calculé pour qu'elles engendrassent crainte et terreur. Elles constituaient, en somme, un traitement de choc contre l'hérésie.

En principe, le propre de l'hérétique était la liberté de pensée qui le signalait. Mais il existait mille façons de corrompre le dogme édicté par la Sainte Église de l'Entropie, depuis la pâleur du teint suspecte jusqu'au crime de mariage. Une simple dénonciation pouvait suffire. Ceux qui étaient soupçonnés devaient se purifier pendant une année, sous peine de perdre leurs droits.

Que le patron des M.G. n'ait même pas évoqué l'accident qui, il ne pouvait en douter, avait entraîné la mort du G.O. inquiétait Mak. Il était au moins certain d'une chose : se trouver aux commandes d'un engin appartenant à la milice était une preuve suffisante de sa culpabilité.

Selon ses habitudes, l'inquisiteur avait dû le déclarer coupable jusqu'à ce qu'il fît la démonstration de son innocence. Ce qui ne s'était jamais vu. Enfin, Rage avait cru bon de lui préciser qu'il ne pouvait plus rien espérer de l'Organisation !…

L'Organisation !

Et si on le soupçonnait d'en faire partie ? Mak se demanda si cette émeute n'avait pas été plus ou moins arrangée par les M.G. La présence du fonctionnaire suprême des M.G. pouvait accréditer cette thèse. Les réserves ne s'épuisaient-elles pas ? Sans doute faudrait-il envisager bientôt une nouvelle solution. Une remake du Rêve ? Et si c'était cela que Neal devait lui révéler !…

Cette explication justifiait pleinement les concessions invraisemblables que l'assassin de la jeune femme se déclarait disposé à faire. Il s'agissait d'éviter une série de questions indiscrètes de la part d'un public que ces cérémonies amusaient fort. Car l'inquisition était très populaire.

Mak osa même aller au bout de ses conjectures. Le Directeur des M.G. et Innocent, le Grand Inquisiteur, ne devaient faire qu'une seule et même personne. Il aurait trouvé en Mak un bouc émissaire inespéré pour prouver la corruption de certains membres du clergé et justifier sa répression. Le puzzle prenait forme et l'image qui commençait à se dessiner n'était guère séduisante.

La communication avec Rage qu'il avait dû interrompre lui revint en mémoire.



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